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Jeremy Skibicki fréquentait un refuge « pour traquer ses victimes », dit un employé

Jeremy Skibicki a reconnu avoir tué quatre femmes autochtones par l’entremise de ses avocats qui plaident la non-responsabilité criminelle en raison de troubles mentaux.

Jeremy Skibicki.

Une photo de Jeremy Skibicki présentée à la Cour du Banc du Roi du Manitoba lors de son procès.

Photo : Pièce judiciaire, Cour du Banc du Roi du Manitoba

« Je viens traquer mes victimes. » C’est ce que Jeremy Skibicki aurait dit à l’employé d’un refuge de Winnipeg que le tueur en série avoué fréquentait presque quotidiennement. C’est l’un des moments forts de la journée d’audience de mercredi. Le tribunal a aussi entendu les témoignages de ses trois voisins qui l'ont surpris lors de la fin de semaine pendant laquelle son quatrième et dernier meurtre a eu lieu.

AVERTISSEMENT : Cette histoire contient des détails troublants.

Lors de son témoignage, Ronald Normand a raconté que Jeremy Skibicki se présentait au refuge sur une base quotidienne, malgré le fait qu’il n’y semblait pas être à sa place avec ses vêtements propres et sa barbe rasée.

Il ne semblait pas non plus être sous l’influence d’une substance ou dans un état de psychose, a-t-il répondu au procureur de la Couronne Christian Vanderhooft.

Lundi, la Couronne a déposé en preuve des enregistrements de caméra de surveillance de ce même refuge montrant l’accusé qui s’assoit à la table de Morgan Harris, sa seconde victime, la veille de sa mort. On la voit porter des vêtements que les enquêteurs retrouveront dans l'appartement du tueur.

Jeremy Skibicki marche dans la grande salle commune d'un refuge.

Capture d'écran d'une vidéo de surveillance déposée en preuve par la Couronne, montrant Jeremy Skibicki dans un refuge de Winnipeg où il a été aperçu avec sa seconde victime la veille de sa mort.

Photo : Cour du Banc du Roi du Manitoba

L’employé a dit à la Cour que l’accusé marchait en rond et regardait les gens dans le refuge et qu’il aurait été approché par ce dernier.

Il traînait près de la salle de bain, il est venu me voir et m'a dit qu'il n'avait pas besoin d'être ici, qu'il avait son propre logement [...] qu'il ne faisait que traquer ses victimes, a affirmé M. Normand.

La conversation lui a paru étrange même s’il n’a pas jugé bon de la signaler, expliquant qu’il s’occupe de personnes atteintes de psychose qui disent beaucoup de choses insensées.

Contre-interrogé par la défense, il a reconnu que cette partie de son témoignage ne figurait pas dans la déclaration qu’il a faite à la police le 20 mai 2022, après avoir appris l’arrestation de Jeremy Skibicki.

M. Skibicki a plaidé non coupable de meurtre au premier degré pour les meurtres de Rebecca Contois, Morgan Harris, Marcedes Myran et d'une femme non identifiée que la communauté autochtone a surnommée Mashkode Bizhiki'ikwe ou Buffalo Woman en anglais.

Ses avocats ont déclaré qu'il avait tué les quatre femmes autochtones, mais qu'il n'était pas pénalement responsable en raison de troubles mentaux.

Les procureurs de la Couronne affirment plutôt que les meurtres étaient motivés par des considérations raciales et que M. Skibicki ciblait des femmes vulnérables dans des refuges pour sans-abri.

L’accusé a reconnu lors de son interrogatoire en mai 2022 qu'il avait étranglé ou noyé les femmes chez lui et qu'il s'était ensuite débarrassé de leurs corps dans des poubelles du quartier.

Des voisins surprennent Skibicki

La Cour a également entendu mercredi les témoignages de trois voisins de Jeremy Skibicki qui l’ont surpris peu de temps après le meurtre de sa quatrième et dernière victime, alors qu'il jetait des habits à la poubelle et qu'il faisait couler sa douche à plusieurs reprises.

Richard Patkau a indiqué que le jour de la mort de Rebecca Contois, le 15 mai 2022, il s'est réveillé juste après 1 h 30 pour aller aux toilettes et qu'il a entendu la douche couler dans l’appartement du tueur dont il occupe l’unité attenante.

J'ai pensé que c'était un moment plutôt étrange [pour se doucher], a affirmé M. Patkau, ajoutant qu'il s'était rendormi, mais qu'il avait de nouveau entendu la douche couler à plusieurs reprises au courant de la journée. À ce moment-là, je me suis dit qu'il y avait quelque chose de très étrange, mais qu'est-ce que j'en sais?

Lors de son interrogatoire, Jeremy Skibicki a expliqué à la police qu’il avait démembré le corps de Rebecca Contois dans sa baignoire et qu’il devait périodiquement évacuer l’eau avant de remplir le bain de nouveau.

Un homme roule un bac à ordure en plein milieu de la nuit dans une allée.

Capture d'écran d'une vidéo de surveillance déposée en preuve par la Couronne montrant Jeremy Skibicki se débarrasser des restes de Marcedes Myran tôt dans la nuit du 6 mai.

Photo : Cour du Banc du Roi

Un autre voisin a prêté serment en présence d’une plume d’aigle avant de raconter avoir vu Jeremy Skibicki par sa fenêtre, le soir du 15 mai 2022. Il indique que l'accusé avait les bras chargés d’habits, se dirigeait vers les bacs à ordure de l’immeuble qui étaient prêts à être récupérés le lendemain matin.

Je regardais la télévision [...] Je pouvais voir directement par ma fenêtre, j'ai juste vu sa tête passer alors qu'il se débarrassait d'un tas de vêtements dans la poubelle, a dit Allen Cohan.

Il a affirmé y avoir trouvé des jeans, des leggings.

Je n'ai pas fouillé à l’intérieur. J'ai ouvert le couvercle juste pour voir. On pouvait voir les vêtements. Il y avait aussi un sac à dos rose sur les vêtements et, placé par-dessus, un morceau de carton ou un panneau, a-t-il indiqué.

Le jour suivant, certains des restes de Rebecca Contois seront découverts par un homme en fouillant des bennes à ordures à la recherche de cuivre et de vêtements à récupérer.

Une benne à ordure bleue.

Photo déposée en preuve par la Couronne montrant la benne à ordure où des restes de Rebecca Contois ont été trouvés.

Photo : Police de Winnipeg

C’est son appel au 911 qui a mené à l’arrestation de Jeremy Skibicki.

Au courant de la nuit, des caméras de surveillance ont capté le tueur se débarrassant des restes de sa quatrième et dernière victime, au moyen d’un sac à bandoulière noir, d’abord, puis de bacs à ordures.

Selon la Couronne, un autre voisin aurait surpris ce dernier entre ses multiples chargements dans la nuit du 15 au 16 mai 2022.

Allan Mackay dit en effet avoir confronté M. Skibicki à 2 h ce jour-là, après avoir été réveillé par de lourds bruits de pas dévalant les escaliers de l’immeuble.

Je dormais à poings fermés [...] Je me suis réveillé, j'ai ouvert ma porte et je l'ai vu descendre l'escalier avec des poubelles. Je lui ai demandé ce qu'il faisait et il m'a dit qu'il jetait des ordures. Il était 2 heures du matin, raconte-t-il.

Les audiences reprendront jeudi avec le témoignage d’Erin Leszkovics, l’ex-femme du tueur en série.

Pour obtenir de l’aide :

  • La ligne d’urgence nationale pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées est accessible sans frais, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au 1 844 413-6649, pour soutenir toute personne qui a besoin de soutien émotionnel.

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