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La violence dans les refuges de Toronto a pratiquement quadruplé en 10 ans

Un homme devant un refuge pour sans-abri.

La violence et les surdoses augmentent de façon importante dans les refuges de Toronto.

Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette

Radio-Canada

La violence physique et verbale dans les refuges de Toronto a augmenté de 283 % entre 2011 à 2021, selon un rapport du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH).

En 2011, 1071 événements étaient signalés, contre 4102 en 2021. La violence et les restrictions de service sont des problèmes sérieux dans le système d'hébergement de Toronto pour lesquels plus d'actions sont nécessaires, indique le rapport.

Cette violence est définie comme des agressions physiques, des abus verbaux, des menaces de mort et de dommages ainsi que du harcèlement envers le personnel et les résidents.

Dave, une personne sans-abri qui ne souhaite pas mentionner son nom complet, est allé quelques fois dans des refuges. Mais il se sent plus en sécurité dans un campement dans la ville.

Les gens se font brutaliser ou voler leurs affaires, n’importe qui peut entrer dans ta chambre, témoigne-t-il. Ils cherchent n’importe quelle raison pour te mettre dehors.

Des tentes dans un parc de Toronto.

Certaines personnes préfèrent les campements, de plus en plus nombreux à Toronto, aux refuges, car ils s'y sentent plus en sécurité. (Photo d'archives)

Photo : CBC/ Dale Manucdoc

Le rapport indique que le taux de restrictions de service, où des individus se voient refuser l'accès aux refuges pour une raison précise comme la violation des règles, a augmenté de 33 % de 2014 à 2021, mais a diminué ensuite de 49 % de 2021 à 2023.

Du rapport à un plan d’action municipal

Le document liste de nombreuses raisons : la surpopulation, la pandémie, l'hiver, le désespoir et la frustration des résidents.

Les politiques d'hébergement limitant la vie privée, le contrôle et l'autonomie, une mauvaise communication du personnel et des interventions inefficaces jouent tous un rôle. Le rapport formule 22 recommandations.

En s’appuyant sur ce rapport réalisé avec les Services de soutien et d'hébergement de Toronto (TSSS), la Municipalité met en place un plan pour renforcer la sécurité dans son système d'hébergement d'urgence.

Pour Diana Chan McNally, travailleuse communautaire à All Saints Toronto, une église et un centre communautaire, établir des relations entre le personnel et les résidents des refuges doit être une priorité pour que toutes les recommandations puissent être appliquées efficacement.

Diana Chan McNally.

Diana Chan McNally, du refuge All Saints à Toronto, estime qu'il faut revoir l'approche dans les relations entre personnes dans les refuges. (Photo d'archives)

Photo : CBC/Paul Borkwood

Ce qui manque, c'est l'idée qu'il s'agit vraiment d'un travail relationnel, estime-t-elle.

Si nous n'avons pas de relations de confiance avec les gens, il n'y a aucun moyen pour que ces interventions fonctionnent réellement, ajoute-t-elle.

Avec les refuges, souvent, vous voyez des membres du personnel assis dans une cabine en verre, ils ne sont pas vraiment en train de s'engager avec les personnes qui y vivent, il n'y a pas de relations qui se construisent.

Une citation de Diana Chan McNally, travailleuse communautaire à All Saints Toronto

Lors d'une réunion du comité du développement économique et communautaire du conseil municipal mardi, le personnel de la Ville a déclaré que le plan inclut la mise en œuvre d'un système d'alerte de risque comportemental pour augmenter la sécurité au travail.

Le système, qui sera lancé cette année, accroît le partage d'information entre les programmes sur les résidents ayant un historique de comportement violent.

De nombreux cas pendant la pandémie

Gordon Tanner, directeur général de l'hébergement à Toronto, explique que le système a augmenté sa capacité d'accueil de plus de 30 % depuis 2020, le début de la pandémie.

Vous devez tenir compte de la taille du système d'hébergement au cours de cette période, détaille-t-il. Pendant le pic de la pandémie, nous avons déplacé des milliers de personnes vers de nouveaux endroits dans de nouveaux refuges. Et c'était un énorme bouleversement pour les gens.

Le travail dans les refuges aujourd'hui ne ressemble pas au travail dans les refuges d'il y a 10 ou 15 ans.

Une citation de Gordon Tanner, directeur général des Services de soutien et d'hébergement de Toronto
Gordon Tanner, en entrevue.

Gordon Tanner, directeur général du service des refuges à la Ville de Toronto, estime que la pandémie et de nouveaux enjeux ont complexifié la vie dans les refuges. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Des problèmes comme la consommation de drogue, l'augmentation de la pauvreté ou les besoins accrus en santé mentale complexifient la situation, selon lui.

Le Dr Nick Kerman de CAMH, qui est l'un des auteurs du rapport, s'attend à ce que ce travail valide les préoccupations des résidents et des travailleurs des refuges.

J'espère que ce rapport apporte des preuves claires de ce que je crois que beaucoup de gens savaient ou pensaient sur les conditions et le contexte dans le système des refuges.

De plus en plus de campements

Le rapport pointe qu'environ 36 % du personnel des refuges se sent en insécurité sur les lieux de travail. Environ 43 % des travailleurs des refuges noirs et autochtones ont signalé subir quotidiennement des abus verbaux liés au racisme.

Parmi les recommandations, figurent aussi :

  • renforcer la disponibilité des services en santé mentale;

  • prioriser la réduction de la surpopulation dans les refuges;

  • établir des processus de restriction de services plus cohérents d’un organisme à l’autre;

  • développer un programme pour soutenir les personnes ayant des antécédents importants de violence et de restrictions de services.

Plus tôt ce mois-ci, la Ville a publié des données montrant que le nombre de tentes installées par des personnes sans-abri dans les campements a plus que doublé à Toronto au cours de l'année écoulée. Selon la Municipalité, des personnes trouvent refuge dans des parcs qui n'avaient jamais connu de campement auparavant.

Au cours des trois derniers mois, il y avait 10 833 personnes itinérantes à Toronto, selon les données de la Ville. Le 29 avril, 9969 ont utilisé le système des refuges et près d'un millier ont dormi dehors.

Avec les informations de Mirna Djukic et de CBC

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