Protection du caribou : réactions mitigées sur la Côte-Nord

L’entreprise forestière Boisaco se dit préoccupée par l’annonce de Québec concernant l’agrandissement de la réserve de biodiversité des caribous forestiers de Manouane-Manicouagan. Cette entreprise de Sacré-Cœur craint de devoir réduire sa récolte de bois.

La superficie de cette réserve, située à cheval entre le Saguenay–Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord, sera agrandie de 4826 km².

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoît Charette, s’est déplacé à Sainte-Anne-des-Monts mardi pour dévoiler l'octroi d’une enveloppe de 59,5 millions de dollars afin d'enrayer le déclin du caribou.

Le président de Boisaco, Steeve St-Gelais, indique qu'il a plusieurs questionnements à la suite de cette annonce, mais il y voit aussi un pas dans la bonne direction quant à la protection du caribou.

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L’entreprise ignore pour le moment dans quelle mesure son territoire sera touché par l’agrandissement de la réserve de biodiversité des caribous de Manouane-Manicouagan.

L’agrandissement peut représenter une de nos préoccupations, car il s’agit d’un agrandissement majeur : c’est presque le double de sa superficie actuelle. À l’échelle régionale, on ne connaît pas encore l’impact de cette annonce, donc c’est certainement inquiétant, précise M. St-Gelais.

Boisaco tentera ainsi d’obtenir plus de détails au sujet de cette annonce. Steeve St-Gelais aimerait notamment mettre la main sur une carte des zones qui seront désormais protégées.

Malgré les appréhensions, le président de Boisaco tient à souligner l’initiative de Québec concernant la régionalisation des stratégies pour assurer la protection du caribou forestier, considéré comme une espèce vulnérable depuis bientôt 20 ans.

Au moins, le gouvernement a quand même développé une certaine sensibilité pour les communautés forestières.

Il n’y a pas une région qui a la même réalité, donc l’annonce du gouvernement peut nous laisser croire qu'il pourrait y avoir éventuellement une stratégie régionale pour la région, croit Steeve St-Gelais.

Un échec lamentable, selon le vice-chef de Pessamit

Pour sa part, le vice-chef de la communauté innue de Pessamit, Jérôme Bacon St-Onge, ne mâche pas ses mots à la suite du déploiement de la stratégie par région, qu’il considère incomplète.

Le Québec échoue encore lamentablement dans la protection du caribou en y allant avec une stratégie partielle.

[L’annonce de Québec], c'est une aire protégée pour le caribou, qui est située au nord de la limite nordique des forêts attribuables. Il n’y a aucune exploitation forestière dans ce coin-là. En continuant de protéger le nord, le gouvernement continue de favoriser l'industrie forestière et d'agir à contresens de ce qu'on propose pour la survie du caribou, souligne M. Bacon St-Onge.

Il suggère notamment la création d’une aire protégée dans le Pipmuakan.

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Dans un communiqué de presse, la Nation innue, composée de Uashat mak Mani-utenam, Matimekush Lac-John, Ekuanitshit, Essipit, Mashteuiatsh, Nutashkuan, Unamen Shipu, Pessamit et Pakua Shipu, demande au gouvernement fédéral d’agir en utilisant des outils légaux dans l’objectif de ramener à l’ordre le gouvernement du Québec.

À l’heure actuelle, le gouvernement du Québec n’a pas encore annoncé les zones touchées par l’agrandissement de la réserve de biodiversité des caribous forestiers de Manouane-Manicouagan et n’a pas fait suite à notre demande d’entrevue.

Avec les informations de Charles-Étienne Drouin