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Des débarquements records, mais pas de meilleurs prix pour le homard québécois

Des homards vivants dans une caisse de plastique

Les 133 homardiers gaspésiens ont pris la mer samedi et, jusqu'à présent, le homard serait au rendez-vous avec des captures journalières variant de 1000 à 1500 livres.

Photo : Radio-Canada / Heloise Rodriguez-Qizilbash

Malgré des débarquements records depuis quelques saisons, le prix du homard québécois est resté relativement le même depuis une vingtaine d'années. C'est l'un des constats faits par l'Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), qui publie une fiche technique sur le homard d'Amérique. La hausse fulgurante de la valeur des débarquements s'explique essentiellement par l'augmentation des prises, et non des prix.

Après le crabe aux pinces d'or, c'est maintenant le homard aux pinces d'or. Cette pêche est dorénavant considérée comme la plus lucrative du Québec maritime.

Sur les quais de la Gaspésie, le prix payé au débarquement demeure toujours la grande incertitude. Les attentes sont élevées, d'autant plus que les quelque 133 homardiers gaspésiens sortent en mer une semaine avant les pêcheurs madelinots et du Nouveau-Brunswick.

Un homme avec une casquette souriant à la caméra devant un bateau de pêche.

Steeve Lelièvre est pêcheur depuis 30 ans et débarque son homard au quai de l'Anse-à-Beaufils à Percé.

Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat

Ça devrait être favorable. Le prix actuellement est très bon en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard, alors au cours des jours à venir, on va avoir une bonne idée du prix donné aux pêcheurs.

Une citation de Steeve Lelièvre, pêcheur de homard

Il y a aussi que les prises des derniers mois seraient beaucoup moins importantes en Nouvelle-Écosse, dans la plus importante zone de pêche au homard du pays.

Ce qui nous fait dire qu'il n'y a pas beaucoup de homard sur le marché. On nous a dit du côté des industriels que le marché était complètement libre, alors le jeu de l'offre et de la demande devrait s'imposer.

Une citation de O'Neil Cloutier, pêcheur et directeur général, Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie

De 2009 à 2023, les quantités de homard débarqué au Québec ont explosé.

Un tableau montrant la hausse des quantités et de la valeur des débarquements de homard.

L'Institut de recherche en économie contemporaine a présenté le 29 avril 2024 une fiche économique sur le homard d'Amérique.

Photo : Radio-Canada / Luc Manuel Soares

Ces années glorieuses du homard québécois s'expliquent davantage par la hausse fulgurante des débarquements que par l'augmentation des prix, selon la fiche technique sur le homard d’Amérique qui vient d’être publiée par l’IRÉC.

Des prix qui, à l’exception de certaines conjonctures particulières comme durant la pandémie de COVID-19, sont demeurés stables, mais qui ont, du même coup, stagné.

C'est vraiment la hausse des quantités débarquées qui est venue pallier des prix parfois un peu stagnants. Cela dit, je ne suis pas prêt à dire qu'ils sont bas. Ils suffisent pleinement à assurer la rentabilité.

Une citation de Gabriel Bourgault-Faucher, chercheur, Institut de recherche en économie contemporaine

La hausse de l’offre de homard, avec le succès de pêche des dernières années, pourrait expliquer en partie la stagnation des prix.

O'Neil Cloutier.

Le directeur général du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, O'Neil Cloutier

Photo : Radio-Canada / William Bastille-Denis

En 2007, on avait 7,80 $ la livre et on est toujours dans cet ordre-là actuellement, explique le pêcheur O’Neil Cloutier.

Ces prix demeurent satisfaisants aux yeux du Rassemblement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, puisqu’ils permettent d’atteindre la rentabilité avec des captures élevées. Les pêcheurs gaspésiens sont passés de 10 000 livres à 65 000 livres de captures moyennes annuelles en 15 ans.

On pense qu'on ne peut plus pêcher en bas de 6 $ la livre, en raison du raffermissement des salaires depuis 2020. On sait qu'on a une crise de l'emploi au Québec aussi. À cause aussi des intrants qui sont très, très chers, comme les appâts, le carburant. La pression est forte, reconnaît par ailleurs O’Neil Cloutier.

Deux hommes de pont en action déchargeant des cargaisons de homard.

Les capitaines-propriétaires, comme dans la plupart des industries, font face à une hausse de leurs frais fixes, comme le salaire de leurs employés.

Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat

Autre constat de l'IRÉC : malgré une baisse des captures dans le Maine, en raison du réchauffement de l'eau, les pêcheurs ne doivent pas s'attendre à un meilleur prix moyen que l'an dernier, qui était de 7,65 $ la livre.

Même si les exportations ont légèrement augmenté ces dernières années aux États-Unis, la ressource a été tellement abondante au Québec et les débarquements ont été tellement abondants qu’on en commercialise aussi, en même temps, de plus en plus au Québec, explique le chercheur Gabriel Bourgault-Faucher.

Gabriel Bourgault-Faucher répond aux questions par visioconférence.

Gabriel Bourgault-Faucher est chercheur à l'Institut de recherche en économie contemporaine et se penche sur les questions liées aux pêches.

Photo : Radio-Canada

Par contre, cette forte demande des États-Unis pour le homard canadien assure une plus grande stabilité à moyen terme sur les prix payés au débarquement, ajoute t-il.

Même si, en poissonnerie, le homard gaspésien se vend entre 8,50 $ et 11 $ la livre, soit deux fois moins cher que des poissons comme le saumon d’élevage, le danger demeure une réaction vive des consommateurs si les prix augmentent de façon trop importante pour le roi des crustacés.

Il y a à peine deux semaines, le homard était très cher dans les poissonneries des Maritimes et d’ailleurs, les consommateurs se sont plaints : si le homard restait cher, bien ça allait provoquer une crise sur le marché, explique O’Neil Cloutier. Quel prix les consommateurs sont-ils prêts à payer? C’est toujours la grande question que se posent les industriels qui mettent en marché notre homard.

Des homards cuits dans une assiette.

Lors de la première semaine de pêche en Gaspésie en 2024, le homard se vendait, en poissonnerie, entre 8,50 $ et 11 $ la livre.

Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat

L’offre de homard au Québec et dans l’est du pays culminera au cours des prochains jours avec le début de la pêche au Nouveau-Brunswick et aux Îles-de-la-Madeleine. Les pêcheurs madelinots débarquent 60 % de tout le homard québécois.

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