•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Procès de Trump : au tour de l’avocat de Stormy Daniels de témoigner

Donald Trump, qu'on voit devant un écran où on peut lire les phrases: «A-t-il trompé Melania? Savez-vous si cette aventure est arrivée après son mariage avec Melania?».

Les procureurs ont montré la correspondance de Keith Davidson, qui a témoigné au sujet des ententes qu'il a négociées pour ses clientes Karen McDougal et Stephanie Clifford.

Photo : Reuters / Jane Rosenberg

La première audience de la semaine au procès criminel de Donald Trump, mardi à New York, a été marquée par un feu roulant de témoignages, notamment celui de l'avocat de deux présumées maîtresses de l'ancien président américain.

Après que le juge Juan Merchan eut déclaré le candidat républicain coupable d'outrage au tribunal pour avoir violé l'ordonnance restreignant ce qu'il peut dire publiquement sur ce procès, les procureurs ont eu le temps de convoquer quatre témoins.

Si certains témoignages moins spectaculaires ont servi essentiellement au dépôt en preuve de documents, la comparution du quatrième et dernier témoin de la journée a remis les scandales sexuels au menu de l'audience.

Keith Davidson a négocié les ententes en vertu desquelles la playmate Karen McDougal, puis l'ex-actrice pornographique Stormy Daniels, qui affirment toutes deux avoir eu des relations sexuelles avec l'accusé, ont reçu de l'argent en échange de leur silence. La première a été payée par le groupe de presse American Media Inc. (AMI) et la deuxième, par l'ex-avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen.

M. Davidson a commencé par expliquer le déroulement des négociations concernant le paiement de 150 000 $ US à Karen McDougal, le premier des deux versements à avoir été fait.

Donald Trump face à la justice

Consulter le dossier complet

Dessin de Donald Trump lors de sa comparution.

J'ai une super grosse histoire sur Trump, a-t-il écrit le 7 juin 2016 dans un texto à Dylan Howard, qui était à l'époque rédacteur en chef du National Enquirer, un tabloïd qui appartenait au groupe AMI.

Nous en parlerons rapidement. Je vous donnerai plus que N'IMPORTE QUI pour ça. Vous savez pourquoi, a répondu M. Howard, selon l'échange de textos déposés en cour.

Dans des textos subséquents envoyés quelques jours plus tard, le rédacteur en chef du National Enquirer lui a demandé : A-t-il trompé Melania?, puis Savez-vous si cette aventure est arrivée après son mariage avec Melania?

Karen McDougal affirme avoir entretenu une relation avec Donald Trump durant 10 mois, en 2006 et 2007, tandis que Stephanie Clifford allègue avoir eu avec lui une seule relation sexuelle, en 2006. Les deux aventures seraient survenues peu après la naissance du fils cadet de M. Trump, Barron.

Donald Trump a nié tant les allégations d'aventures extraconjugales que les chefs d'accusation de falsification de documents au centre du procès.

M. Davidson a aussi mentionné avoir été en contact avec le réseau ABC, ce dont il avait informé M. Howard au cours des négociations.

Karen McDougal, souriante.

Karen McDougal

Photo : Getty Images / Dimitrios Kambouris

Sa cliente Karen McDougal préférait l'accord avec AMI, qui ne l'obligeait pas à révéler publiquement son histoire, a-t-il ajouté.

Ses priorités étaient de donner un nouveau souffle à sa carrière, de gagner de l'argent et d'éviter d'être étiquetée comme une maîtresse, a-t-il précisé.

Son rôle de négociateur a été lucratif : il a affirmé avoir reçu 45 % de l'argent payé à Karen McDougal.

Les textos présentés en cour montrent que, pendant les négociations, il a réclamé un poste d'ambassadeur à l'île de Man. Une boutade qu'il a décrite comme une blague illustrant que la suppression de l'histoire de sa cliente aiderait la candidature de Donald Trump.

La semaine dernière, le premier témoin appelé à la barre par les procureurs, l'ex-PDG du groupe de presse AMI, David Pecker, a expliqué comment, dès 2015, il avait mis son entreprise au service de la campagne de Donald Trump, un ami de longue date.

L'objectif, a-t-il révélé, était d'enterrer des informations dommageables sur le candidat républicain en payant les sources de ces histoires.

Les négociations entourant l'histoire de Stormy Daniels

Stephanie Clifford sortant d'un tribunal.

Stephanie Clifford affirme avoir eu une relation « intime » avec Donald Trump en 2006, après l'avoir rencontré lors d’un tournoi de golf au Nevada.

Photo : Getty Images / Drew Angerer

Les procureurs ont ensuite amené Keith Davidson à parler des négociations subséquentes avec la deuxième cliente qu'il a représentée, Stephanie Clifford, dont le nom professionnel est Stormy Daniels.

Le National Enquirer avait initialement peu d'appétit pour son histoire : les allégations avaient déjà été publiées en 2011, sans provoquer de réel retentissement, et elle les avait elle-même niées.

Toutefois, l'intérêt pour le témoignage de Mme Clifford a atteint un crescendo après la diffusion, au début du mois d'octobre, d'un enregistrement désormais célèbre sur lequel on entendait Donald Trump se vanter de pouvoir « attraper » les femmes par leur sexe en toute impunité, a soutenu M. Davidson.

Rendu public un mois avant la présidentielle de novembre 2016, l'enregistrement semblait à l'époque menacer gravement les perspectives électorales de Donald Trump.

Trump est foutu, a écrit Keith Davidson à Dylan Howard. Ce dernier a répliqué : Agitez le drapeau blanc. C'est fini, estimant que les révélations sur Stormy Daniels avaient le potentiel d'être le dernier clou dans son cercueil.

Après avoir commencé des négociations avec AMI, M. Davidson a été mis en contact avec Michael Cohen en octobre 2016, a-t-il déclaré.

À ce stade, a expliqué en cour le PDG d'AMI la semaine dernière, l'entreprise ne voulait plus rémunérer d'autres sources qui alléguaient détenir des histoires négatives sur Donald Trump. L'entreprise avait déjà payé un total de 180 000 $ US à deux sources, dont Mme McDougal, et n'a pas réussi à être remboursée par Donald Trump ni par la Trump Organization.

M. Davidson a dit avoir ensuite négocié avec Michael Cohen. Ce dernier justifiait notamment les retards dans les discussions sur le paiement par le fait que [son] gars était sur le terrain pour faire campagne et qu'il ne pouvait pas prendre de décision en son absence.

Il a dit avoir eu l'impression, par conséquent, que Michael Cohen n'avait pas le pouvoir de dépenser de l'argent et avoir vu Donald Trump comme celui qui tirait les ficelles.

Je pensais qu'il essayait d'étouffer l'affaire jusqu'à après l'élection.

Une citation de Keith Davidson, avocat de Stephanie Clifford

Cette affirmation va dans le sens de la thèse des procureurs, qui affirment depuis le début que la quête alléguée de Donald Trump pour faire disparaître des informations défavorables avait pour finalité sa victoire électorale. Des révélations faites après le scrutin de novembre n'auraient donc pas pu lui nuire.

La défense affirme au contraire que l'important pour Donald Trump était de défendre sa réputation, son entreprise et sa famille.

M. Davidson a par ailleurs précisé que l'entente de confidentialité qui a par la suite été conclue désignait Mme Clifford et M. Trump par des pseudonymes, soit Peggy Peterson et David Dennison.

Mme Clifford a ultimement reçu 130 000 $ US pour son silence.

M. Cohen a reconnu avoir payé 130 000 $ US à Stormy Daniels – il a purgé une peine de prison en rapport avec cet aveu – et a affirmé avoir agi conformément aux instructions de M. Trump.

Dans cette affaire, l'ancien président américain est accusé d'avoir falsifié des documents financiers pour dissimuler le remboursement d’un paiement versé à Stormy Daniels, le tout s'inscrivant dans un « plan criminel pour corrompre l’élection de 2016 ».

Les procureurs arguent que Donald Trump a tenté de dissimuler des crimes liés à plus d'une loi, dont la loi électorale new-yorkaise qui interdit de conspirer pour promouvoir une candidature par des moyens illégaux.

Cela explique pourquoi les procureurs, avant de s'attaquer aux accusations de falsification de documents, accordent une si grande importance à ce stratagème allégué.

Trois autres témoins

Donald Trump regarde la caméra.

L'ancien président Donald Trump à son procès criminel à New York, le 30 avril 2024.

Photo : Reuters / Curtis Means

En matinée, Gary Farro, un ancien banquier au service de First Republic, une banque américaine ayant pour clients des particuliers fortunés, a poursuivi le témoignage qu'il avait amorcé vendredi.

M. Farro a fait état des communications entourant les démarches de Michael Cohen pour ouvrir des comptes pour deux sociétés à responsabilité limitée (SARL). Ces sociétés-écrans avaient pour but de procéder aux paiements secrets liés au silence des deux présumées maîtresses.

Il a entre autres affirmé que l'ancien homme de confiance de Donald Trump avait utilisé sa marge de crédit hypothécaire pour transférer des fonds dans le compte ouvert pour effectuer le virement à Stormy Daniels, deux semaines avant l'élection.

Contre-interrogé par la défense, il a déclaré qu'il n’avait pas traité directement avec Donald Trump et qu'il ne lui avait jamais parlé.

Après lui, les procureurs ont convoqué deux témoins, qui leur ont permis de déposer en preuve divers documents.

Ils ont ainsi interrogé un responsable des archives du réseau télévisé public C-SPAN, qui diffuse entre autres des événements politiques dans leur intégralité, ainsi qu'un employé d'une entreprise qui enregistre des vidéos lors de procédures civiles et fournit la transcription des audiences. L'entreprise a plus spécifiquement transcrit la déposition de Donald Trump dans une des deux poursuites civiles intentées par E. Jean Carroll.

Cette étape, qui aurait pu être évitée, a été nécessaire parce que les avocats de Donald Trump ont refusé de reconnaître l'authenticité de ces preuves.

Les jurés ont notamment vu des extraits vidéo datant de 2016 dans lesquels il niait diverses allégations d'agressions sexuelles.

Dans un autre extrait, issu d'un document de cour, on le voit confirmer qu'il a épousé Melania Trump en 2005. Son mariage, sous-entendent ainsi les procureurs, a eu lieu peu avant les aventures conjugales alléguées.

La majeure partie de la semaine dernière a été consacrée au témoignage de David Pecker. Ce premier témoin des procureurs a expliqué en détail le stratagème visant à acheter et à supprimer de l’information négative visant Donald Trump afin de favoriser sa victoire en 2016.

Mardi, le juge a par ailleurs indiqué que Donald Trump serait en mesure d'assister à la remise de diplôme de son fils cadet le 17 mai, accédant à sa demande en raison du déroulement rapide du procès jusqu'ici.

Par ailleurs, Eric Trump, l'un des fils de l'ancien président, a assisté à l'audience. C'est la première fois depuis le début du procès qu'un membre du clan Trump se présentait à la cour.

Avec les informations de New York Times, CNN et NBC News

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.